La tribune politique de juin 2024 : LOI DE FIN DE VIE, pourquoi ne pas vouloir choisir de vivre dans la dignité ?
Ce projet, qui vise à introduire dans notre pays, l’euthanasie et le suicide assisté, soulève beaucoup de questions et risque d’entraîner un bouleversement significatif pour notre société : une rupture anthropologique majeure qui va à l’encontre d’un Commandement plurimillénaire « tu ne tueras point ».
Première interrogation fondamentale, une loi, qui fixe un cadre général, peut-elle définir, régenter ce qui reste spécifique à l’individu, à son domaine privé et intime ? Non !
En cas d’adoption par le Parlement, le caractère normatif de cette loi banalisera inévitablement, en le légitimant, l’acte de tuer ou d’aider au suicide. Nous pouvons craindre que cette banalisation entraîne une incitation à passer à l’acte voire un « devoir » de le faire.
Des pressions s’imposeront aux malades. Les personnes fortement influençables (les grands malades, les personnes âgées, en situation de handicap ou de fragilité financière, sociale, etc.) subiront une pression de leur entourage ou de la société pour des raisons économiques, de pressions familiales et personnelles, notamment par culpabilisation d’être « un poids pour les autres ».
Une culture qui érige l’euthanasie ou le suicide en manière élégante ou morale de finir sa vie fait inévitablement injonction aux personnes de s’y conformer, d’autant plus si un délit d’entrave est inséré dans la loi. Le « droit à.. » se mue alors en « devoir de.. ». Où est ici la liberté personnelle, le respect de la personne, de sa dignité ?
Outre l’incitation ou l’injonction à passer à l’acte, le caractère légal de l’acte de tuer entraînera inévitablement des dérives.
La simple observation dans tous les pays, pas si nombreux, qui ont légalisé l’euthanasie (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Canada et certains états des Etats-Unis) doit nous alerter. TOUS ont connu très rapidement des dérives graves : extension aux mineurs avec ou sans l’accord des parents, application aux détresses psychologiques et affectives, à des maladies psychiatriques, aux patients en déficience cognitive, aux dépressions, aux cas de « fatigue de vivre », aux « suicidants », dont des jeunes, aux personnes en difficultés économiques ou sociales (les premiers impactés) ou encore poussés à la roue par l’entourage impatient de toucher un héritage ou de se séparer du conjoint.
L’Etat lui-même aura un intérêt budgétaire à « supprimer » certaines dépenses, pourquoi le faire sinon ? C’est d’ailleurs déjà le cas dans notre pays. A partir d’un certain âge, autour de 72-75 ans, certaines opérations ne sont plus pratiquées, des examens médicaux sont refusés, certains traitements sont arrêtés avant la guérison complète.
Sur le plan médical, cette loi, si elle était adoptée, serait une insulte à l’engagement quotidien des soignants auprès de leurs malades, particulièrement des cancéreux, car elle minimiserait et mépriserait leur capacité à accompagner les patients en fin de vie. Sans parler de la forte opposition des soignants eux-mêmes.
Nous devrions développer les soins palliatifs : moins d’un patient sur deux qui devraient en bénéficier n’y ont pas accès. Illustrons cette proposition par un cas familial réduit à un état semi-végétatif par la maladie de Parkinson. Il souhaitait « accélérer » sa phase terminale… Jusqu’au jour où il a appris la possibilité de bénéficier de soins palliatifs, ce qu’il demande désormais.
Par ailleurs, nous ne sommes pas dupes du fait que la Commission parlementaire ayant fait « sauter » tous les « garde-fous » permettra à l’Assemblée nationale de ne pas tous les remettre tout en disant que la loi contient à nouveau des barrières anti-dérives.
Le respect de la dignité de chaque personne implique un regard qui considère cette personne, qui fait vivre, par opposition à celui qui prépare la mort.
SOIGNER N’EST PAS TUER
M. Gérard PASCO, adhérent
et
M. Charles BABINET, Conseiller Nationale Reconquête! et responsable de la 4ème circonscription du Maine-et-Loire